• Tentative de comparaison du BEES et du BPJEPS d'un point de vue institutionnel

    Tentative de comparaison du BEES et du BPJEPS d'un point de vue institutionnel.

    <?xml:namespace prefix = o ns = "urn:schemas-microsoft-com:office:office" /><o:p> </o:p>Au regard de la loi[1], seuls les personnes titulaires d'un diplôme reconnu par l'Etat (qu'il soit national ou fédéral) ont le droit d'encadrer des activités sportives, et en particulier les activités équestres, contre rémunération. Dès 1999, l'Etat a décidé de mettre en place un nouveau diplôme sportif dans le cadre de la rénovation des diplômes et des qualifications du ministère de la jeunesse et des sports. Le BPJEPS[2], créé par décret publié au journal officiel du 2 septembre 2001 (décret n°2001-792 du 31 août 2001) entre dans cette dynamique. L'évolution des pratiques et de la demande, l'émergence de nouvelles situations professionnelles exigent en effet d'adapter et d'harmoniser nombre de diplômes dont les niveaux, les structures et la gestion étaient jusqu'à présent trop éclatés.

    <o:p> </o:p>Les différences entre les deux diplômes
    <o:p> </o:p>
    Les points communs et différences entre le BEES 1 et le BPJEPS sont notables, je m'efforcerai donc de les mettre en lumière afin de comprendre les enjeux de la rénovation des diplômes, entamée par l'Etat depuis plusieurs années. 

    <o:p> </o:p>
    Les deux diplômes sont des « brevets », c'est un titre de niveau IV créé par le vote d'une loi. Il prépare à un métier, dont les activités sont décrites dans un référentiel professionnel.

    <o:p> </o:p>Le BEES est un diplôme dit « d'Etat », régi par un texte de loi au niveau national
    [3] qui harmonise la formation sur l'ensemble du territoire. C'est un diplôme dit « centralisé ». En effet, les Directions Régionales de la Jeunesse et des Sports sont chargées de sa gestion dans sa partie administrative conformément aux prescriptions légales: inscriptions des candidats, gestion du programme et des examens. Le BEES est structuré en deux grandes parties : le tronc commun à toutes les disciplines, et la partie spécifique au sport choisi.
    <o:p> </o:p>Le BEES 1 a donc pour objectif de former des éducateurs sportifs. Il enseigne une discipline sportive à des publics variés, le plus souvent des jeunes. Il entraîne également en vue des compétitions. Il initie, éduque, entraîne à une discipline sportive des publics variés et rééduque par la pratique sportive des personnes en difficultés. L'éducateur sportif oriente son action autour de la technique spécifique aux activités qu'il enseigne. La performance est alors le moteur du groupe, prétexte pour faire partager des valeurs. Même les options non olympiques
    [4], comme l'option poney ou tourisme équestre, demandent un certain degré de maîtrise d'une technique bien spécifique.

    <o:p> </o:p>D'un point de vue plus pratique, même si son titre ne le précise pas, le BEES 1 est un diplôme professionnel qui nécessite un « stage pédagogique en situation » qui doit 
    durer 300h minimum, pour 1260 heures de formation générale en centre
    [5].:

    <o:p> </o:p>
    « Le stage pédagogique en situation a pour objet de mettre le stagiaire en situation de responsabilité dans une structure d'enseignement ou d'entraînement agréée par le directeur régional de la Jeunesse et des Sports sur proposition de la commission prévue à l'article 19 du présent arrêté. »[6]

    <o:p> </o:p>Administrativement, pour former au BEES 1, un centre de formation doit procéder à une déclaration administrative, et présenter un dossier d'agrément à la DRJS. Ce dossier est assez élémentaire à réaliser, puisqu'il fait simplement état des moyens mis en œuvre par le centre de formation dans le cadre de la formation. Les centres équestres peuvent dans ce contexte devenir centres de formation aisément, et former leurs élèves dans le principe du compagnonnage, de maître à apprenti, dans un contexte où les activités sont multiples, pas forcément toutes identifiées ni décrites en détail, donc non contrôlées en intégralité par des instances externes. Les formateurs enseignent ainsi un métier qui correspond à leur propre vision : la transmission de techniques, et d'une culture marquée par la rigueur militaire.

    <o:p> </o:p><o:p> </o:p>
    En revanche, le BPJEPS est un diplôme dit professionnel. On ne parle plus de stage, mais d'alternance. Celle ci est organisée autour d'un projet de formation commun entre le centre et l'entreprise, cohérent, rigoureusement organisé et suivi par un certain nombre d'outils que le centre de formation présente dans son dossier d'habilitation. Le nombre d'heures de formation est laissé à l'appréciation du centre de formation, mais l'alternance en entreprise doit constituer au moins un tiers du total du temps de formation. On ne parle plus de connaissances, mais de compétences :

    <o:p> </o:p>« 
    Le BPJEPS (niveau IV) atteste de la possession des compétences professionnelles indispensables à l'exercice du métier d'animateur dans le champ de la spécialité obtenue. Le BPJEPS est délivré au titre d'une spécialité disciplinaire, pluridisciplinaire ou liée à un champ particulier. »[7]

    <o:p> </o:p>Le moniteur d'équitation doit être capable de mettre en œuvre ses connaissances dans un certain nombre de situations définies par le référentiel professionnel. Le métier n'est plus défini de la même manière : l'animateur travaille auprès des publics, à qui il propose de participer à des activités culturelles, sociales ou éducatives qu'il conçoit et encadre. Il favorise ainsi les échanges et la cohésion sociale, et encourage l'expression des individus. Il développe, organise et conduit des projets visant l'épanouissement, la socialisation et l'autonomie des personnes. En associant l'animation et le sport, le BPJEPS positionne le formé au centre de ses préoccupations, son bien être au sein d'un groupe, d'une société, où tous doivent avoir une place. L'animateur sportif créé du lien social par son activité et les valeurs qu'elle véhicule. Un moniteur BP doit pouvoir observer, analyser et adapter son action. L'accent n'est pas mis sur le résultat lui-même, mais sur les moyens mis en œuvre pour l'atteindre. Au cours des examens du BEES 1, il est en effet arrivé assez régulièrement que l'on « mette une couche de vernis »[8] en attribuant un cheval « calé » (dressé à la discipline) au candidat, ou en le préparant exclusivement aux exigences de l'examen. Le jeune diplômé est alors rarement capable de donner les raisons de son succès ou de son échec, et ne peut pas parvenir au même résultat en autonomie sur un autre cheval. C'est ainsi qu'il a été décidé d'exiger des candidats de développer l'esprit d'analyse nécessaire à l'acquisition de leur autonomie en tant que professionnels. L'organisation de la certification en dix Unités Capitalisables, dans le but de vérifier la capacité à mettre en œuvre un processus[9] s'oppose ainsi à la simple mobilisation de techniques exigée au cours de examens du BEES.

    <o:p> </o:p>
    Ces futurs professionnels auront une véritable mission en direction des publics jeunes, d'où la mention « Jeunesse » du BPJEPS. Enfin, le BP est rattaché à la notion d'éducation populaire. C'est un courant d'idées militant pour une diffusion de la connaissance au plus grand nombre, afin de permettre à chacun de s'épanouir et de trouver la place de citoyen qui lui revient. Elle se définit généralement en complément des actions de l'enseignement formel. C'est une éducation qui reconnaît à chacun la volonté et la capacité de progresser et de se développer, à tous les âges de la vie. Elle ne se limite pas à la diffusion de la culture académique ni même à l'art au sens large, mais également aux sciences, aux techniques, aux sports et aux activités ludiques, etc. En réalité tous ces apprentissages sont l'occasion de développer ses capacités à vivre en société: confronter ses idées, partager une vie de groupe, s'exprimer en public, écouter, etc.

    <o:p> </o:p>La mise en œuvre du BPJEPS est de la responsabilité des DRJS, mais une grande liberté est laissée aux organismes de formation. En contrepartie, pour avoir le droit de former au BPJEPS, ces derniers doivent répondre à un cahier des charges complexe
    [10] et organiser eux-mêmes l'intégralité du processus de formation et de certification. La construction du dossier d'habilitation exige de maîtriser un certain nombre de compétences relevant de l'ingénierie de formation. L'investissement important qu'impose le BPJEPS, et la spécificité des compétences mises en œuvre participent au faible nombre d'organismes habilités.
    <o:p> 
    </o:p>
    Conclusion
    Lorsque le BPJEPS a été présenté pour la première fois aux professionnels, ils ont aimé ce principe de compétences, d'alternance, d'appropriation de la formation par l'organisme de formation. De plus, le BPJEPS a été vendu aux professionnels comme un diplôme fait pour les professionnels par les professionnels : l'appropriation du programme, des rythmes de formation, des certification, a attiré leur bienveillance par la liberté qu'ils promettaient. Mais depuis sa première mise en œuvre, il est décrié, remis en question, désapprouvé. Il coûte cher aux centres de formation, son vocabulaire, son mode de fonctionnement, sa structure sont complexes voire complètement opaques aux yeux des professionnels. Il demande un temps et une énergie qu'ils ne peuvent pas se permettre de dépenser, car disent-ils, « notre rôle est de former, pas de faire des papiers »[11]. Les procédures sont en effet très importantes dans la mise en œuvre du BP, et se confrontent au désir de réalité de formateurs qui possèdent une image bien déterminée de leur métier, et y restent fermement attachés. Pour Yvon Minvielle, « être professionnel, c'est peut être plus que d'être que technicien »[12]. La nécessité de faire évoluer le système de formation des activités sportives, et plus particulièrement des activités équestres, passe-t-elle obligatoirement, pour les coordinateurs de formation, par la formalisation du processus de formation de manière aussi complexe, par un contrôle aussi réglementé (cahier des charges complexe et constamment en évolution), pour former des personnes capables de poser au bon moment le geste professionnel de  combiner des ressources, d'intervenir sur un processus ? <o:p> </o:p><o:p> </o:p>


     









    [1] Loi n°84-610 du 16 juillet 1984 relative à l'organisation et à la promotion des activités physiques et sportives.
    [2] Brevet Professionnel, de l'Education Populaire et du Sport, appelé « le BP » par les professionnels. Le BEES 1 (dit le BE), le Brevet d'Etat d'Educateur Sportif premier degré, disposait d'un programme établi nationalement, et était validé par un examen final. Le BPJEPS est défini par un référentiel, ce sont les organismes de formation qui créent le programme correspondant à leur vision et les évaluations qui en découlent.
    [3] Arrêté du 18 Juillet 1986.
    [4] Les trois disciplines olympiques : le CSO (saut d'obstacle), le CCE (Concours Complet d'Equitation), le Dressage.
    [5] Arrêté du 6 Février 1987.
    [6] Arrêté du 18 Février 1986.


    [7] http://www.jeunesse-sports.gouv.fr/
    [8] Expression très régulièrement entendue au cours des examens du BEES 1 en Octobre 2004.
    [9] Cf. Yvon Minvielle, (2003), La reconnaissance des compétences techniques professionnelles, in La nouvelle mission du Maréchal Ferrant, actes du colloque des 14 et 15 Novembre 2003 à la Maison de l'Outil et de la Pensée Ouvrière, ed Les Compagnons du Devoir.
    [10] http://www.cadrenoir.fr/siteene/html/formations/BP%20JEPS/LIVRET_BP_JEPS_ref_ene.pdf#search=%22bpjeps
    %20cadre%20noir%20livret%22
    [11] Paroles relevées au cours d'une réunion des organismes de formation.
    [12] La reconnaissance des compétences techniques et professionnelle, Op. Cit. p. 65.

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